Aube

 

 

L’aube. Un éveil de pépiements dans l’aubépine.

Une rumeur glissant hors des seuils demi-clos,

Et, s’éteignant parmi ces bruits, le chant des flots ;

 

Une brume poudrant, telle une cendre fine,

Les arbres verts, les sillons bruns, les sommets bleus,

Contraignant le soleil d’éparpiller ses feux.

 

Un nuage roulé, comme on replie un voile,

Sur l’épaule robuste et fraîche du coteau,

Et là-bas sur le fleuve un matinal bateau.

 

Une vitre s’allume au bourg, tardive étoile,

Mais dans l’église, avant qu’on ouvre le portail,

Flambe toute l’aurore à travers un vitrail...

 

Chacun reprend sa tâche avec une âme neuve,

Les yeux plus clairs, le cœur plus gai, le bras plus fort ;

Dieu nous recrée une jeunesse quand tout dort.

 

Et rechargeant alors son joug, ou son épreuve,

Sa croix, on les retrouve allégés par la nuit...

– Seigneur, accordez-nous la grâce d’aujourd’hui.

 

 

 

Marguerite PERROY.

 

Paru dans Les Causeries en 1928.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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