Le chant du poitrinaire
Je vois tomber les feuilles de l’automne ; l’hirondelle a repassé les mers ; mon âme cherche partout une meilleure vie, et le ciel seul attire mes regards.
Je vois flétrir peu à peu la fleur de mon jeune âge ; je dis tranquillement à la beauté : adieu ! Car ici-bas, que me font l’amour et la tendresse, quand là-haut je serai tout en mon Créateur ?
Parais, ô mort ! je t’attends de pied ferme ; la tombe, voilà ce que tu peux m’offrir. Cours, hâte-toi, termine mes douleurs, c’est trop à la fois de vivre et de souffrir.
Je suis résigné ! – Mais hélas ! un souvenir me tourmente et m’obsède : qui soignera ma mère dans ses vieux ans, lorsque son fils sera dans le tombeau ?
Ainsi parlait au fond d’une pauvre cabane un poitrinaire affecté de son malheureux sort ; trois jours après, le son de la cloche annonçait son trépas aux paysans du hameau.
PEYROTTES, faïencier à Montpellier.
Recueilli dans Le troubadour moderne ou
Poésies populaires de nos provinces méridionales,
traduites en français par M. Cabrié, 1844.