Le toit paternel
Ô reine de toutes les villes ! heureux celui qui te dit : adieu ! Eh ! qui ne s’ennuierait pas sur tes places si agitées ? J’ai mêlé mes larmes aux eaux de la Seine, en songeant au ruisseau de Rhunel ; et je me suis dit, au milieu des sanglots et des soupirs : Où est donc le toit paternel ?
Paris ! j’ai contemplé tes dômes magnifiques, ta colonne, ton Panthéon ; mais, au milieu de cette foule immense, j’étais seul et je soupirais tout bas pour Clermont. Au Louvre, mon cœur préférait notre château antique et fumeux, dont les tours abritent le toit paternel.
Tu m’accuseras d’ingratitude, toi, le paradis des hommes puissants. Ah ! dans ton sein, la tristesse et l’ennui rendaient mes jours tristes et malheureux. Clermont-l’Hérault, douce patrie ! tout mon amour, toutes mes pensées sont maintenant pour le toit paternel.
L’une du voyageur se trouble à l’approche du pays qui l’a vu naître : ainsi, la mienne était agitée, à la butte des cinq chemins. Là, mes genoux fléchirent, ma bouche bénit le ciel, et mes yeux aperçurent avec un bonheur indicible la fumée du toit paternel.
Comme tu charmes mon existence, ô Clermont ! je te bénirai toujours. C’est dans ton sein que je suis venu au monde, c’est dans ton sein que je veux mourir. Heureux celui qui, après l’orage, échappé à la fureur du destin, peut aller reposer sa tête sous le toit paternel !
PEYROTTES, faïencier à Montpellier.
Recueilli dans Le troubadour moderne ou
Poésies populaires de nos provinces méridionales,
traduites en français par M. Cabrié, 1844.