L’avenue
Je sais une avenue ombreuse et colossale
Faite de quatre rangs d’ormes moussus, très vieux,
Dont les gros troncs sculptés, montant droit dans les cieux,
Ressemblent aux piliers de quelque cathédrale.
Que d’amoureux y vont, couples mystérieux,
Lorsque la lune met, ô voûte triomphale,
Au fond de tes arceaux sa rosace d’or pâle,
Des serments murmurer l’hymne délicieux !
Dans la nef gigantesque, étrange et solennelle,
L’ombre plane si calme et si surnaturelle
Que le cœur leur bat vite et qu’ils parlent tout bas ;
Et, pris d’un effroi vague, ils ont cette croyance
Que d’invisibles yeux sondent leur conscience...
– Et, dans ce sanctuaire, ils ne mentiraient pas.
Paul PIONIS.
Paru dans L’Année des poètes en 1890.