Un miracle
L’enfant agonisait. Assis près de sa couche,
Frissonnant d’un soupir, tremblant au moindre bruit,
Les parents, éperdus, tous deux passaient la nuit,
Et, mornes, contemplaient cette douleur farouche...
Oh ! que de pleurs versés dans le pauvre réduit !
Car le mal effrayant, qui brise ce qu’il touche,
Semblait déjà fermer cette petite bouche
Et mettre l’ombre au fond du doux regard qui luit.
Le père sanglotait, tout bas priait la mère,
Lorsque, soudain, devant cette tristesse amère,
Apparut une Vierge au regard triomphant.
Et, montrant le berceau plein de clartés étranges,
Elle dit : « Gardez-le : n’ai-je pas assez d’anges,
« Quand tous deux, ici-bas, vous n’avez qu’un enfant ? »
Charles PITOU.
Paru dans L’Année des poètes en 1890.