Les blés
Jésus sous le ciel bleu marchait, avec la troupe
Qui fidèle à ses pas formait un large groupe,
Le long des blés jaunis, splendides, déjà mûrs,
Dressés près du chemin aussi haut que des murs.
C’était jour de Sabbat, disent les Évangiles.
Les disciples coupaient de blonds épis fragiles
Que leur poids inclinait sans doute, et, les froissant,
Mangeaient le grain nouveau du blé resplendissant.
Ainsi, les paysans qui s’en vont à la messe,
Curieux dans leur cœur de savoir la promesse
De la moisson future aux marges des chemins,
Brisent quelques épis dans le creux de leurs mains,
Agitent le grain jeune, encore tendre et pâle,
D’un souffle vigoureux en séparent la balle
Et, lorsque leur espoir par l’épreuve est comblé,
S’exclament gravement sur la beauté du blé,
Et le goûtent, baissant la tête, avec les gestes
Des hommes qui jadis suivaient des pas célestes.
Charles de POMAIROLS.
Recueilli dans Poètes de Jésus-Christ,
poésies rassemblées par André Mabille de Poncheville,
Bruges, Librairie de l’Œuvre Saint-Charles, 1937.