Le couvent de Port-Bout
Fermées les fenêtres du couvent
Dans le silence bleu la marinade
L’aloès ne veut pas d’autre vent,
Il est jaloux de sa fleur embaumée
Silence d’une vallée sans fontaine,
Çà et là un trait de chaux vive,
La sécheresse du torrent sous le pont
Et le tunnel où la fumée prend peur.
La mer, où est la mer, qui voit la mer ?
La mouette la porte d’un coup d’aile.
Quand la mouette passe dans le regard,
Le ciel est le miroir de la marine.
Sœur Mathilde, maîtresse du couvent.
Le chapelet suspendu à la ceinture,
Dirige avec douceur les jeunes filles
Toutes forment pareillement leur écriture
Ou encore sur une feuille de papier blanc
Où elles fixent la pointe revêche du compas,
Elles tracent un petit cercle, un autre plus grand,
Elles apprennent le dessin de perspective.
Elles prient et elles suivent – pur cortège ! –
Les chemins adorés de Galilée
Entre les flammes et les lys d’un seul vol
Elles chantent : MAGNIFICAT ANIMA MEA
Et la mer, Sœur Mathilde, où est la mer ?
Près de la falaise où le temps ouvre des failles ;
La mouette déploie l’aile jusqu’au soir
Et plonge, fleur de neige dans l’eau verte.
Josep-Sebastià PONS.
Recueilli dans J. S. Pons,
par Yves Rouquette,
Seghers, 1963.