Le regard d’Ève
Je ne dirai pas : où êtes-vous jeunesse
Et délices d’un temps maintenant évanoui ?
Quand s’est écoulé le soir lumineux
Toute clarté est diffuse dans ta nuit.
En la musique, seule, elle peut faire revivre
Et si le chant pénètre au fond de la ténèbre
Jusque dans le secret d’une eau libre
Abandonnée à sa rumeur.
Ce jardin que Dieu donne à l’homme,
Si tu regardes dans ton cœur, tu le reverras
Avec la couronne élargie du feuillage
Et la fraîcheur joyeuse de l’herbe sous tes pas
Et ton pays ceint de montagnes,
Les pierres partageant l’écume du ruisseau
La petite vigne et la cabane de roseaux
Et dans l’ombre le regard d’Ève qui sourit.
Josep-Sebastià PONS.
Recueilli dans J. S. Pons,
par Yves Rouquette,
Seghers, 1963.