L’Armorique chrétienne

 

 

Lorsqu’un bruissement dans les feuilles jaunies

S’élevait, et ridait l’eau morte des étangs,

Au milieu des ajoncs, les Celtes du vieux temps

Croyaient ouïr le vol étouffé des génies.

 

Quelque fée enchantait les forêts infinies ;

La lune vacillait sur les flots miroitants ;

Et les âmes des morts traversaient par instants

Les arbres, où flottaient de vagues harmonies.

 

Et quand plus tard, le front voilé de cheveux roux,

Jésus de Nazareth, au regard sombre et doux,

Vint dans un nimbe d’or vers ces hommes étranges,

 

Les cloches ont bercé les landes de leur chant,

Les rumeurs des esprits et les hymnes des Anges

Ont charmé l’horizon merveilleux du couchant.

 

 

 

Henri POTEZ.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1894.

 

 

 

 

 

 

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