Bruges – Le vieux maître

 

 

Moi, Jan van Eyck, malgré l’effort des envieux

– Que Monseigneur Saint Luc, de sa main vénérée,

Puisse à jamais bannir loin de notre contrée ! –

J’ai dompté la couleur, et j’ai fait de mon mieux.

 

Sachez que j’ai dressé, dans mon zèle pieux,

Les tours du Paradis sur une aube dorée,

Crispé les cheveux noirs de la Vierge adorée,

Et dans son trône ardent pourtrait le Roi des Cieux.

 

Resplendissant et clair comme au sortir des forges,

J’ai peint d’acier bruni le harnois de Saint Georges,

Et d’un cœur affermi je marche vers ma fin :

 

Car, mes œuvres m’ayant orné de grands mérites,

J’irai m’agenouiller devant l’Agneau divin

Dans le pré vert, fleuri de blanches marguerites.

 

 

 

Henri POTEZ, Jours d’autrefois.

 

Recueilli dans Poètes du Nord 1880-1902 :

Morceaux choisis, par A.-M. Gossez, 1902.

 

 

 

 

 

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