La madone
Ce n’est point des tableaux des maîtres d’autrefois
Que j’ai toujours rêvé d’embellir ma demeure,
Pour que, superstitieusement, le visiteur
S’étonne, en respectant l’avis des doctes voix.
Dans ma retraite, au long des travaux et des mois,
D’un seul sans fin je rêvais d’être spectateur,
D’un seul... pour qu’en sa toile ainsi qu’au ciel, sur moi L’immaculée avec notre divin Sauveur
– Elle en sa majesté, Lui la sagesse aux yeux –
Tinssent leurs doux regards, de gloire radieux,
Sans leurs anges, tout seuls, à Sion, sous les palmes.
Or ils sont exaucés, mes vœux. À mon appel
Dieu t’envoya vers moi, ô ma Madone calme,
Du charme le plus pur toi le plus pur modèle.
Alexandre Sergueievitch POUCHKINE, 1830.
Recueilli dans Anthologie de la poésie russe,
choix, traduction et commentaires de Jacques David,
Stock, 1947.