Le reste est boue
Parfois le silence craque sous la verdure
comme un caillou qui se réveille et l’on dirait
que l’aventure à vivre et la mort qui tutoie
vont s’ajuster. Que l’homme vibrant est viré,
que son âme, bûche sonore, éclate, crépite
parmi les flammes du remords.
L’homme ébloui
croit qu’il frôle, sous la cendre, le souvenir.
Sous la gangue du poème, la poésie !
L’homme croit qu’il va résoudre enfin l’alliage,
rompre une bonne fois pour toutes le pain bis
de solitude et d’oraison. Las, l’ombre buque,
marteau-pilon de nos sérails. Géante l’ombre
nous écrase puis nous disperse aux quatre coins
de la prudence et des tourments.
Cette ombre faite
d’un peu de sel sur notre peau. Le reste est boue.
Remo POZZETTI,
La nuit blanche.
Recueilli dans
La nouvelle poésie belge d’expression française,
anthologie 1950-1960,
préfacée par Pierre-Louis Flouquet,
Unimuse, 1961.