Le soleil et les étoiles
(PETIT CONTE)
(Dédié à D. Joachim Cabot, bijoutier et poète,
quelques jours avant son mariage.)
« Maman, disait à sa mère par une nuit sereine, en contemplant le ciel rempli d’étoiles, une petite fille très éveillée, qu’est-ce donc que tant et tant de lumières qui scintillent là-haut ? Comme elles brillent ! Il n’est point d’éclat pareil à celui-ci. Célébrerait-on par hasard quelque fête dans les cieux ? On dirait le maître-autel la nuit de Noël. Là-haut brûle un lustre pareil à celui que nous y avons maintenant. »
– Ma mignonne, répondit la mère, tout cela ce sont les anges bien-aimés du Bon Dieu, qui veillent toujours pour nous, éveillés ou endormis, et dont chacun garde allumée sa lampe d’or. »
Le lendemain matin, dès son réveil, la petite s’empressa de lever les yeux au ciel. Mais hélas ! comme elle fut surprise en ne voyant plus aucune étoile ! – « Maman, maman, venez vite ; les anges ne veillent pas ; ils ont éteint leurs lumières. » – « Non, ma fille, elles ne peuvent disparaître, les gardiens ne prennent pas de repos. Si leurs feux te semblent éteints, c’est que le soleil les cache avec ses rayons. »
Dans votre riche bijouterie, qui est bien comme un ciel d’or et de pierres précieuses, il en sera de même, cher ami, quand l’astre que vous attendez viendra.
Justin PRÉPATX.
Traduit du catalan par Jean Amade.
Recueilli dans Anthologie catalane (1re série : Les poètes roussillonnais),
avec Introduction, Bibliographie, Traduction française et Notes
par Jean Amade, agrégé de l’Université, professeur au Lycée
de Montpellier, 1908.