Le berceau
Le berceau vient d’entrer dans la maison bénie ;
On ouvre devant lui la porte à deux battants,
Et, tel un doux esquif aux pavillons flottants,
Il touche enfin le port dans sa fraîche harmonie.
Grand’mère le reçoit avec cérémonie,
Émue au souvenir de semblables instants,
Et sur sa haute flèche aux rubans éclatants
Elle attache une croix, puis dit sa litanie
Pour que le premier-né de son fils très aimant
Soit bon chrétien d’abord, bon fils également,
Patriote à son tour, vrai descendant de France,
Et pour que la patrie, en portant les berceaux,
Sente aux plis des rideaux cachant tant d’espérance
Passer le vent qui fait battre tous ses drapeaux !
E. de PRÉTOT, Le miroir des yeux, 1914.