Amours couronnées

 

 

                       Hommage à ma belle-sœur Joséphine Asencio.

 

 

Fleur trop tôt moissonnée au pays des aïeux,

Sous un tertre désert la défunte bénie,

Dans le sommeil suprême où dorment ses beaux yeux,

Des flots captifs comme elle écoute l’harmonie.

 

Depuis qu’elle n’est plus, ma prière, le soir,

Hante, comme un esprit, sa dépouille exilée,

Et ses mânes sacrés attisent l’encensoir

Où brûlent les parfums de son âme envolée.

 

Dieu sait, hélas ! combien, jusqu’à son dernier jour,

Adèle dut gravir, sous la croix du martyre,

Un calvaire humecté par des larmes d’amour,

Semence d’un bonheur qu’elle semblait prédire.

 

Ce bonheur, dont vos cœurs épris sont déjà pleins,

Fondez-le dans la mort qui n’en est point jalouse,

Et vous rendrez la mère à ses deux orphelins,

En donnant un époux à la sœur de l’épouse.

 

La sainte écoutera vos cantiques pieux

Dans le ravissement d’une extase infinie,

Tandis qu’un vent du large apportera des cieux

Sur le tertre désert l’ineffable harmonie.

 

 

 

Adolphe PRIEUR.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1896.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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