La prière de l’enfant
À mon frère Yves.
Sur les genoux de sa mère,
Attentif, les mains en croix,
L’enfant dit une prière
De sa plus touchante voix.
Sur le crucifix d’ivoire,
Au milieu de l’oratoire,
Il fixe ses jolis yeux,
Et ses lèvres enfantines
Ont des paroles divines
Dont l’écho va jusqu’au cieux.
Par la fenêtre mi-close
Rentrent les premiers rayons
Caressant sa lèvre rose,
Jouant dans ses cheveux blonds,
Dans sa limpide prunelle
Allumant une étincelle
Qu’on dirait un diamant,
Et sous leurs flots de lumière
Sa blanche robe est si claire
Que vous la croiriez d’argent.
Pour lui montent de la plaine
Des murmures enchanteurs ;
Des zéphirs la tiède haleine
Lui prodigue ses senteurs ;
L’oiseau même dans sa cage
Mêle son plus doux ramage
À sa voix de chérubin,
Et l’on entend dans le vide
Un bruit léger et rapide
Comme un vol de séraphin.
Pierre PRONOST.
Paru dans L’Année des poètes en 1896.