Mon Dieu, je n’aurai plus peur
MON Dieu, je n’aurai plus peur d’être votre lumière maintenant que j’ai vu cette lumière et je n’aurai plus peur de moi-même, puisque je sais que Vous êtes en moi-même.
Je ne Vous connaissais pas, parce que je voulais Vous prouver et maintenant je Vous connais parce que je ne peux plus Vous prouver.
Et pendant que je ne Vous connaissais pas, Vous étiez en moi pourtant,
et pendant cette grande déréliction où j’ai été de tous vos Sacrements,
pendant cette longue nuit, Vous prépariez pourtant l’avènement de cette lumière surnaturelle.
Ô mon Dieu, pardonnez-moi ce grand mensonge où j’ai vécu, puisque je sentais bien en moi cette force intérieure qui me guidait dans la vie et que je ne voulais pas Vous la reporter.
Pardonnez-moi cette ingratitude où j’ai été de ne pas Vous restituer ce qui vous appartenait en moi.
Pardonnez-moi cette félonie d’avoir contemplé l’océan de la lumière et de ne m’y être pas aventuré,
et d’avoir hésité au bord de l’éternité que Vous m’aviez donnée.
Pardonnez-moi ce grand orgueil d’avoir voulu Vous étudier avant que de Vous aimer et d’avoir voulu Vous connaître, ce qui était, en quelque manière, cesser de Vous connaître.
Vespertina oratio ascendat ad te Domine
Et descendat super nos misericordia tua !
Ernest PSICHARI.
Bouaga (Mauritanie),
12 novembre 1911.
Recueilli dans Devant Dieu,
anthologie de la prière chrétienne,
par Pierre Richard et Bernard Giraud,
Éditions Xavier Mappus, 1948.