Départ d’hirondelles
L’hiver est revenu, les herbes sont fauchées ;
La neige sur les prés pose son tapis blanc ;
Les hirondelles vont, viennent, et les nichées
S’appellent par essaims et partent en sifflant.
Je les regarde fuir, longtemps... et mes pensées
Suivent au fond du ciel leur vol noir qui décroît,
Tandis que, pour mourir, quelques pauvres blessées
Restent seules aux nids suspendus sous mon toit.
Faites, ô Dieu ! vous qui comptez mes heures brèves,
Qu’il ne neige jamais assez dru sur mon front
Pour chasser mes amours, mes doux chants et mes rêves,
Ou que je parte aussi quand ils s’envoleront !
J. de PURY.
Paru dans L’Année des poètes en 1893.