Extase
Écoutez-les chanter, regardez-les sourire....
Ils ne sont pas encor dans le vallon des pleurs,
Ils n’ont pas entendu l’orage au loin bruire,
Ils ne connaissent que les fleurs.
Heureux petits enfants ! leur vie est comme un rêve
Tout plein de visions et d’avant-goûts du ciel ;
Chaque matin, pour eux un beau soleil se lève
Qu’on nomme l’amour maternel ;
Et puis nous les voyons sourire à toute chose ;
Et sans cesse entraînés par de nouveaux désirs,
Comme le papillon qui va de rose en rose,
Ils vont de plaisirs en plaisirs.
Souvenir de l’Éden, douce réminiscence
Du bonheur fait pour l’homme en ces jours triomphants....
Ô mon Dieu, que c’est beau la joyeuse innocence,
Que c’est beau les petits enfants !
1853.
Benoît QUINET, Lilia.
Recueilli dans Morceaux choisis des poètes belges,
B. Van Hollebeke, Namur, 1874.