Le lin céleste

 

 

Les lins de Flandre au bord de la Lys radieuse

Ouvrent vers les clochers d’humbles calices bleus.

Décor d’un Moyen Âge agreste et fabuleux.

Il flotte un fin parfum de légende pieuse.

 

La bienheureuse paix du jour à son déclin

Est virginale et maternelle, telle une aube,

Où les anges d’azur dans le lin de leurs robes

Viendraient cueillir en souriant l’azur des lins.

 

Les fleurs furent semées au Printemps de la terre

Par un Adolescent vêtu de lin très pur.

Ses nobles yeux d’enfant reflètent les mystères

Prédits par ceux qui se souviennent du Futur.

 

Le voici : Il approche, entouré de lumière

Dans le soir pacifique, une rose à la main.

Son pied ne heurte point la pierre du chemin

Qui mène sa candeur jusqu’au cœur des linières.

 

Il sourit. Son sourire éblouit le couchant ;

L’éclat de son sourire illumine nos plaines,

Où les oiseaux du ciel n’ont pas mangé ses graines,

Où l’onde et la lumière ont fécondé son champ.

 

Une oraison d’amour s’essore de sa bouche,

Tel un oiseau d’argent d’un calice de fleur.

 

– « Mon Père, par ma Croix, ma Chair et ma Douleur,

Daignez bénir le lin. Que l’Ange impur n’y touche !

Faites qu’il soit cueilli par des doigts sans péché.

Qu’il devienne l’orgueil de ceux qui s’agenouillent,

Quand ils verront vers eux ma Mère se pencher

Pour les vêtir du lin filé à sa quenouille.

 

« À l’heure où mes amants, triomphants du sommeil,

Appellent dans la nuit le lever du soleil,

Qu’il soit l’huile éclairant l’ombre du sanctuaire.

Qu’il soit pour mes martyrs un pur électuaire.

Qu’il soit le linge blanc : baptême des berceaux,

La nappe de ma Table et l’aube de mes prêtres,

Mon Père, et le linceul de ceux qui vont renaître

Et les cordages d’or du mystique vaisseau ! »

 

 

 

Georges RAMAEKERS, Le Chant des Trois Règnes.

 

 

 

 

 

 

 

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