Labeur matinal

 

 

                                                              À POL DEMADE.

 

 

Les oiseaux du ciel chantent dans les branches

L’oiselle amourée et le grand soleil ;

Nazareth s’éveille et ses maisons blanches

Déclosent leurs yeux, tout noirs de sommeil.

 

Vers l’océan pur de l’azur sans bornes

Monte glorieux l’astre fécondant,

Et dans les loins clairs les grands chameaux mornes

Hument à longs traits ses rayons ardents.

 

Dès que l’aube au ciel allumait sa joie,

Elle s’est mêlée aux jeunes glaneuses,

Pour aussi gerber de ses mains heureuses

Les épis tombés le long de la voie.

 

Tendre fleur de chair, tout près d’Elle joue,

Innocemment nu, parmi les blés d’or,

Son petit Jésus, son Fils, son Trésor,

Dont ses fols baisers ont pourpré la joue.

 

Les papillons bleus aux ailes de soie,

Voletant sans peur jusqu’en ses mains roses,

Lui parlent du ciel et des fleurs écloses

Entre les blés mûrs où son corps se ploie.

 

Qu’elle est belle ainsi, la Vierge glaneuse !

Gerbant les épis qu’aux bords de leurs champs

Ont abandonnés les riches faneuses,

Pour les passereaux et les pauvres gens.

 

Les oiseaux du ciel chantent dans les branches

L’oiselle amourée et le grand soleil ;

Nazareth s’éveille et ses maisons blanches

Déclosent leurs yeux tout noirs de sommeil.

 

 

 

Georges RAMAEKERS.

 

Paru dans Durendal en 1895.

 

 

 

 

 

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