Le vieux chasseur

 

 

Toi qui descends des hautes cimes,

Petit oiseau, libre et joyeux,

As-tu franchi les rocs sublimes

Dont le sommet cherche les cieux ?

As-tu vu l’Alpe solitaire,

Et du glacier les bleus sillons ?

Alouette vive et légère,

Viens m’égayer par tes chansons.

 

Du soir des ans le froid me gagne ;

Dans le vallon je viens mourir ;

Mais sur les flancs de la montagne

Autrefois j’aimais à courir ;

Autrefois d’un pied téméraire,

Je gravissais les pics glacés ;

Alouette vive et légère,

Rappelle-moi les jours passés.

 

As-tu vu le chalet tranquille

Où se rassemblent les troupeaux ?

Un vieux sapin, sur cet asile,

Laisse tomber ses longs rameaux.

Sous cet ombrage tutélaire,

J’attendis souvent le matin....

Alouette vive et légère,

As-tu chanté sous le sapin ?

 

As-tu vu le manteau de neige

Qui repose sur les grands monts ?

Là le chamois que Dieu protège

Va boire en paix l’eau des glaçons.

Là le vautour bâtit son aire ;

Là le chasseur suit le gibier...

Alouette vive et légère

As-tu passé sur le glacier ?

 

La fatigue a roidi ton aile ;

De plus loin tu dois revenir.

Par delà la cime éternelle,

Aurais-tu vu le ciel s’ouvrir ?

Repose-toi sur la chaumière

Où je languis infirme et vieux....

Alouette vive et légère,

Viens aussi me parler des cieux.

 

 

 

Eugène RAMBERT.

 

Recueilli dans Les poètes vaudois

contemporains, par A. Vulliet, 1870.

 

 

 

 

 

 

 

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