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Ma mère


De son lait qui me nourrissait
Toute petite, et me pressait
Contre son coeur et m’embrassait ?
                        Ma mère.

Qui berçait ma bercelonnette
Avec sa douce chansonnette,
Comme au nid chante la fauvette ?
                        Ma mère.

Lorsque mes yeux vont se fermer,
Qui regarde pour me charmer,
Et pleure à force de m’aimer ?
                        Ma mère.

Et si je tombe en maladie,
Qui soutient ma tête alourdie,
Tremblant aussitôt pour ma vie ?
                        Ma mère.

Et qui me les a donnés tous,
Ma poupée et mes beaux joujoux ?
Qui m’apprend tout sur ses genoux ?
                        Ma mère.

Si je tombe, qui, sur ma trace,
Court guérir mon mal, et l’efface
En embrassant juste la place ?
                        Ma mère.

Qui me fait prier le Seigneur
Et l’adorer de tout mon coeur
Comme mon plus grand bienfaiteur ?
                        Ma mère.

Pour toi jamais comment pourrais-je
Être ingrate, être sacrilège,
Pour toi dont l’amour me protège,
                        Ma mère ?

Ah ! je n’y puis même songer.
À moi plus tard de protéger
Tes jours que Dieu veuille allonger,
                        Ma mère !

Quand viendra pour toi la vieillesse,
Mon bras soutiendra ta faiblesse
Et je charmerai ta tristesse,
                        Ma mère.

Et si ta tête est lourde un jour,
De veiller ce sera mon tour,
En versant des larmes d’amour,
                        Ma mère !

Devant Dieu qui juge la terre
Et dont je craindrais le tonnerre,
Si tu cessais de m’être chère,
                        Ma mère !



Louis RATISBONNE,
La Comédie Enfantine
, 1860.




 

 

 

 

 

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