Les lépreux
« Vous, qu’un ulcère étreint des tarses aux aisselles,
Pitoyables proscrits, vous qui vous en alliez
Fuyant des lazarets jusqu’aux lointains halliers,
Brisez vos moulinets stridents et vos crécelles.
Je braverai le mal hideux que tu recèles,
Sinistre pourvoyeuse aux reins exfoliés,
Car, voici que, guidant les bons hospitaliers,
Je suis venu vers ceux que rongent les sphacèles.
Vers vous les mendiants squameux, les parias,
Les semeurs de gangrène et de malarias,
Secrets martyrs latents sous le masque des lèpres.
En grand’pitié j’ai pris, frères, votre abandon
Pour qu’au soir advenu des éternelles vêpres
Le grand Hospitalier nous tienne en son pardon. »
Jules RAULIN.
Paru dans Le Spectateur catholique en novembre 1897.