Femme d’avant le froid
Femme d’avant le froid
Femme des laines neuves,
Sarment primordial
et propice au provin,
Ne laisse pas ma soif
chercher les autres fleuves,
Plonge-moi dans les eaux
qui deviennent du vin.
Femme dans l’onction
d’aloès et d’absinthe
Femme crucifiée
avec ton enfant mort,
Femme dont tout l’amour
a conservé l’empreinte
Des plaies et du tombeau,
Femme qui saigne encore
Mère qui meurs encor
de la mort de ton Fils
Pour qu’avec lui la vie
regerme de la mort
Et l’été de la neige
et le feu de la nuit
Et dont sans cesse en toi
ressuscite le corps.
Car chaque fois encor
Que le Christ est en terre,
Condamné par le monde
et oublié par lui
Seule ta sainteté
lie encore l’homme au Père
Et ce qui est ailleurs
à ce qui est ici.
Jean-Claude RENARD,
Incantations du temps, 1962.