L’amour
Toi qu’on n’ose nommer, esprit, charme, puissance,
Amour, où donc es-tu ? quelle est ta pure essence ?
Des astres de l’Éther fils immatériel,
Es-tu le messager ou l’exilé du ciel ?
Es-tu dans le parfum de ces fruits qui mûrissent ?
Dans la sombre fraîcheur de ces bois qui frémissent ?
Dans ces flots soulevés, dont le rapide flux
Peint de la passion les accents éperdus ?
Animes-tu l’oiseau, dont l’aile fugitive
Vole au-dessus du lac et trouve à l’autre rive
L’asile et le doux nid aux fragiles réseaux
Qui semble un fruit chantant aux feuilles des roseaux ?
Conduis-tu le nuage errant dans la campagne
Qui flotte et se suspend à la verte montagne,
Et qui, se dilatant, prisme d’or et vermeil,
Fond et s’évanouit aux baisers du soleil ?
Serais-tu dans l’espace ou l’air qui m’environne ?
L’étincelle ou l’espoir qui sur mon front rayonne ?
Quand j’écoute, est-ce toi qui me parle tout bas ?
Oh ! dis, est-ce vers toi que se tendent mes bras ?
« Femme, je suis en toi ! j’habite dans ton âme,
« Tu respires, tu vis par ma divine flamme ;
« C’est moi seul qui produis ta soudaine pâleur,
« Moi qui brille en tes yeux, qui palpite en ton cœur.
« Écoute sans frayeur : je suis le bien suprême ;
« Mon séjour est au ciel, et ce grand Dieu lui-même,
« Qui dit à l’œil terrestre : « Ouvre-toi, c’est le jour ! »
« Dit à l’âme immortelle : « Ouvre-toi, c’est l’amour ! »
Adine RIOM.