Cierges

 

 

Cierges inégaux dont l’ombre est étoilée,

constellations de douleurs, de joies et de prières,

vous me faites penser à des âmes qui prient

de toute la force contenue et calme de leur vie,

ô douces petites flammes comme des pétales simples,

flammes fragiles, mais bien attachées et liées, larmes !

larmes comme coulées des grands vitraux de flammes !

Et les cierges portés par les processions,

les cierges balancés selon leur marche lente,

les beaux cierges tenus par les mains confiantes,

les grands cierges sacrés qui brûlent sur le monde

font vaciller les choses dans des jeux de lumière,

secouent les cathédrales en remuant leurs ombres.

– Ton cher amour qui veille et prie est comme un cierge,

c’est un cierge voué qui brûle calme et clair.

Tu vas grave et tranquille comme pour une procession,

mais avec tout l’élan de ton adoration ;

tu vas les yeux fixés au delà de la vie,

ô ma si confiante et si fervente amie,

et ton amour, ainsi qu’un cierge dans tes mains,

fait vaciller ce monde comme s’il n’était plus rien.

 

 

 

Robert ROCHEFORT,

Gravures religieuses.

 

Paru dans le Mercure de France

en août 1934.

 

 

 

 

 

 

 

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