Sonnet à Marie

 

 

Toi que n’osa frapper le premier anathème,

Toi qui naquis dans l’ombre et nous fis voir le jour,

Plus Reine par ton cœur que par ton diadème,

Mère avec l’innocence et Vierge avec l’amour !

 

Je t’implore là-haut comme ici-bas je t’aime,

Car tu conquis ta place au céleste séjour.

Car le sang de ton Fils fut ton divin baptême,

Et tu pleuras assez pour régner à ton tour.

 

Te voilà maintenant près du Dieu de lumière.

Le genre humain courbé t’invoque la première ;

Ton sceptre est de rayons, ta couronne de fleurs ;

 

Tout s’incline à ton nom, tout s’épure à ta flamme ;

Tout te chante, ô Marie ! Et pourtant quelle femme,

Même au prix de ta gloire, eût bravé tes douleurs !

 

 

 

Henri ROCHEFORT.

 

Recueilli dans Bouquet à l’Immaculée,

Éditions Saint-Jean, 2004.