Je n’ai rien à t’offrir, Seigneur...
À tes pieds, me voici, pantelante, Seigneur !
Je n’ai rien à t’offrir, hormis ma lassitude,
Mon corps de chair brisé, ma longue solitude,
Mon immense détresse et mes nuits de terreur,
Mes réveils sans sourire, mes aubes sans lueur
D’espoir, de retrouver les douces habitudes
Près du cher compagnon, havre de quiétude,
Et mes soirs las, vides d’amour et de chaleur.
En vain, je guette, ami, ta chère ombre illusoire
Qui repasse et s’enfuit ; je garde en ma mémoire
Ton regard lumineux, l’azur de tes prunelles
Où se mirait le ciel tant aimé du Midi,
Les triomphants étés, où tous deux étourdis
Nous croyions vivre dans une étreinte éternelle !
Berce, Seigneur, ma longue et lourde solitude !
Mai 1964
Lily RODENBACH.
Recueilli dans : Maurice Delorme, Le Blason des Poètes,
Anthologie du Syndicat des Journalistes et Écrivains,
Éditions de la Revue moderne, 1965.