Vers la crèche
Humbles bergers de Galilée,
Assoupis près des troupeaux las,
Dans la tiède nuit étoilée
Ah ! laissez-nous suivre vos pas,
Adorer le divin mystère
Descendu sur la froide terre,
Saluer l’enfant nouveau-né
Que le Père nous a donné !
Et vous qui chantez des louanges
Qui, chez nous, ne résonnent plus,
Répétez-nous vos chœurs, beaux anges,
Êtres saints, pour les cieux élus !
Faites tressaillir d’allégresse
Ceux sur qui s’abat la détresse,
Qui, sous des nuages épais,
Ne savent plus trouver la paix.
Toi, modeste petite crèche,
Vrai berceau d’un déshérité,
Ah ! que ta nudité nous prêche
Le saint esprit de pauvreté !
Confonds nos luxes inutiles,
Nos pensers trop vains, trop futiles.
Fais-nous confesser notre orgueil,
Et sur nos fautes mener deuil.
Et vous, savants du monde antique,
Mages, marchant vers votre but,
Guidez-nous vers l’Étoile unique,
Vers le seul Maître du Salut.
Apprenez-nous quelle est l’offrande
Que le petit Jésus demande,
Enseignez-nous qu’offrir son cœur
De tous les dons est le meilleur.
Et toi, pauvre enfant sans défense,
Être chétif, qui t’es livré
Pour qu’un monde sans espérance
De ses chaînes fût délivré,
Oh ! nous voulons à ton service,
Tout consacrer en sacrifice,
Et promettre, dès aujourd’hui,
De ne vivre que pour autrui !
Laure ROEHRICH, Noëls d’Alsace,
recueil de poésies, chants et saynètes,
1922.