Prière
La vie d’un Saint ne doit pas être édifiante.
Elle doit être péremptoire.
(inspiré de l’italien)
I
Seigneur faites de moi l’instrument de la paix
Que je sème l’amour partout où croit la haine
Que j’apporte la foi quand le doute régnait
Que je panse et guérisse où sévissait la peine.
Donnez l’espoir, donnez à ceux qui désespèrent,
Dissipez la ténèbre, éloignez le malheur
Accordez Ô ! mon Dieu à tous votre lumière
Accordez l’amitié, accordez le bonheur.
Mon Maître, donnez-moi, non d’être consolé
Mais de les consoler, mes frères en détresse
Donner c’est recevoir, pauvreté, c’est richesse
C’est naître que mourir, c’est naître et s’envoler
Et François, bénissant le vol des hirondelles
élève jusqu’à Dieu, sa prière immortelle.
II
Sa robe (laque d’or et que rose un ton doux)
Qui descend du vitrail d’Antoine de Padoue
Semble aux guêpes un nid, aux colombes cette arche
Où David en dansant passe de marche en marche.
Et le bon Saint, tantôt ou rieur ou farouche
bénissant les oiseaux, mais maudissant son père
(car enfin je dis tout et ne veux rien cacher)
Plein de vigueur encor pour en finir se couche
là, sans craintes, sans peur, sur ton sein ! Ô terre
Et le beau florentin à l’air d’un fruit séché !
Douceurs ? Blasphèmes ? et tout cela n’est rien
Il fut fidèle à Dieu (et c’est tout) comme un chien
(car enfin, je dis tout, et ne veux rien cacher)
Prosper ROIDOT,
Brins de jonc,
Éditions du CELF,
1961.