Mon étoile
MÉLODIE
Il est, il est au ciel une étoile que j’aime,
Qui brille pour moi seul et la nuit et le jour ;
Le Seigneur la créa, dans sa bonté suprême,
Pour guider mon passage au terrestre séjour.
Ô toi qui me souris, étoile, mon amie !
Console mon exil, veille toujours sur moi,
Jusqu’à l’heure où, brisant les chaînes de la vie,
Mon âme dans les cieux ira s’unir à toi.
Comme un phare placé sur la céleste voûte,
À travers les écueils, son éclat protecteur
À mes yeux rassurés vient indiquer la route
Où je dois diriger mon esquif voyageur.
Et lorsque de ce monde, asile de misère,
Le spectacle hideux afflige mes regards,
Quand l’envie et l’orgueil, pour des biens éphémères
Sur le théâtre humain luttent de toutes parts ;
Alors, d’un tel tableau pour reposer mon âme,
Faible et découragé je lève au ciel les yeux,
Et près de mon étoile, en brillants traits de flamme,
Le grand mot : espérance, est écrit dans les cieux.
Et mon cœur rafraîchi s’enivre à cette source ;
Dans un désert brûlant ainsi le pèlerin,
Auprès d’une onde pure interrompant sa course,
S’abreuve avec délice et reprend son chemin.
J’ai vu, j’ai vu pourtant, ô souvenance amère !
Dans un jour orageux sa lueur s’effacer :
J’étais comme un enfant qui demande sa mère,
Sa mère que pour lui rien ne peut remplacer.
Ô toi qui me souris, étoile, mon amie !
Console mon exil, veille toujours sur moi,
Jusqu’à l’heure où, brisant les chaînes de la vie,
Mon âme dans les cieux ira s’unir à toi !
Et vous que de ses mains puissantes
Le Dieu qui peupla les déserts
Sema, comme des fleurs brillantes,
Aux vastes champs de l’univers ;
Astres ! qui couronnez la terre
D’un diadème de lumière,
Globes nombreux, n’êtes-vous pas
Chacun aussi l’ami fidèle,
Peut-être l’essence immortelle
De quelque âme errante ici-bas ?
Si j’en crois ces larmes secrètes
Oui murmurent au fond du cœur,
Ces longs soupirs, plaintes discrètes
Qui trahissent quelque douleur ;
Luttant contre un mal qui l’opprime
L’âme, par un élan sublime,
Voudrait prendre un vol radieux :
Et ce bien où tout homme aspire
Au sein des clartés qu’il désire,
Il le devine dans les cieux.
Ô toi qui me souris, étoile, mon amie !
Console mon exil, veille toujours sur moi,
Jusqu’à l’heure où, brisant les chaînes de la vie,
Mon âme dans les cieux ira s’unir à toi.
Charles de ROSIÈRES.
Paru dans La France littéraire en 1834.