Les deux pigeons
Il m’a été dit qu’un enfanton
Qui avait la tête blonde
Qui avait les yeux d’un angelet
Avec ses joues rondes
À sa mère disait :
« Maman mène-m’y
Je veux y aller, ma mère
Mère, moi je veux aller voir l’enfant qui est né. »
Dans la mangeoire péchère
Et sur le râtelier
Les deux pigeons volèrent.
Tous les petits pâtres y vont
Mettent leurs beaux habits
Se peignent pour aller voir l’enfant
Qui est couché sur la paille
Joli comme un soleil
Partons, allons-y vite
Je veux y aller, ma mère, etc.
Et les anges sont descendus
La colline en était pleine
Notre pâtre les a entendus
Chanter comme des orgues
Puis lui ont baisé les mains
De ce joli enfant
Je veux y aller, ma mère, etc.
Mère portons-lui mon panier
Une de mes petites robes
Il tremble dit-on comme un jonc
Et ses mains sont violettes
Nous sommes au gros de l’hiver
L’étable est toute ouverte
Je veux y aller, ma mère, etc.
Quand elle sourit à son enfant
Oh que la mère est belle
On dit que ces deux fronts blancs
Ont des reflets d’étoiles
Partons ça me fait envie
S’il fait froid ça m’est égal
Je veux y aller, ma mère, etc.
Mais que porterais-je au petit
Qu’aurais-je dans mon sachet
Du miel, mes jouets, deux pigeons
Avec une fougacette (gâteau)
Et puis à l’enfantelet
Je ferai des baisers
Je veux y aller, ma mère, etc.
À Jésus aussi je donnerai
Mes perles en chaînette
À ses pieds je m’agenouillerai
Je prendrai ses menottes
Je monterai à cheval
Sur l’âne ou sur le bœuf
Je veux y aller, ma mère, etc.
À l’enfant qui priait comme cela
Sa mère répondit :
« Oui nous partirons demain matin
« Sur l’âne de mon frère
« Pour adorer avec lui
« Jésus le fils de Dieu. »
Le lendemain ils adorèrent
L’enfant Dieu qui dormait
Et sur le râtelier
Les deux pigeons volèrent.
Joseph ROUMANILLE, Avignon, 1845.
Traduit par Robert Comte.
Recueilli dans La grande et belle bible des Noëls anciens,
par Henry Poulaille, Albin Michel, 1951.