Le soir
Quand le soir désiré descend, et qu’il ramène
Bergers et laboureurs succombant sous la peine ;
Lorsqu’aux membres ailés des familles de Dieu
J’entends le rossignol sonner le couvre-feu ;
Quand l’insecte, enivré du nectar de la rose,
Dans son sein embaumé s’étend et se repose ;
Quand la brise en grondant s’endort dans les rameaux
Afin que la forêt ait sa part de repos ;
Quand traversant le ciel, les étoiles lactées
Déversent la rosée-aux plantes allaitées,
Et que ta voix nous dit comme un dernier adieu...
– Te voyant, ô Nature, entre les bras de Dieu, –
Je presse aussi ton sein, car je veux, ô ma mère,
Oublier jusqu’au jour toute vaine chimère.
A. SACONTADE.
Paru dans L’Année des poètes en 1896.