Cimetière
Croix de fer, croix de bois
Penchées comme des fleurs de tombes...
Fleurs qui tombent
Comme les croix de fer, comme les croix de bois...
Un grand Christ qui saigne,
Sur une grande croix
De bois,
Comme saigne
Le grand soleil couchant
Qui saigne
Comme saigne
Le grand Christ mourant !
Et le Christ agonise,
Sans trêve, incessamment,
Parmi le firmament,
Comme les brises
Mourant éperdument
Sur les tombes,
Parmi les croix qui tombent
Et les soleils couchants.
Sur les tombes
Les fleurs d’or
Sentent la mort
Dans l’ombre
Et puis, les tombes dans le soir
Sentent la mort
Des fleurs d’or
Et les cercueils noirs !
Le cimetière
Sent les soirs
Noirs
Et les prières,
Et les soirs,
Et les prières,
Sentent le cimetière
De mort noir...
Hector de SAINT-DENYS GARNEAU, Œuvres,
édition critique établie par Jacques Brault et Benoît Lacroix,
Presses de l’Université de Montréal, 1971.