Crépuscule
Le soir descend sans qu’on y songe :
L’ombre des grands arbres s’allonge
Près de l’étang mauve que longe
Le sentier où je vais en songe,
Et le ciel a l’air d’un mensonge
De rose et d’or où l’astre plonge.
Le crépuscule se prolonge
Comme cet ennui qui me ronge
Jusqu’à la mort, jusqu’à la nuit
Où sombrent le soir et l’ennui,
Le soleil, l’espoir rien ne luit
Sauf l’espérance aveugle en Lui,
Car ma chimère a toute fui
Et j’ai perdu le rêve ami
Qu’au ciel noir mon âme avait mis
Comme une étoile dans la nuit.
Le crépuscule se prolonge
Comme cet ennui qui me ronge
Jusqu’à la mort, jusqu’à la nuit
Où sombrent le soir et l’ennui.
Hector de SAINT-DENYS GARNEAU, Œuvres,
édition critique établie par Jacques Brault et Benoît Lacroix,
Presses de l’Université de Montréal, 1971.