Par ta faute
Pauvre âme, les amis mourront avant demain,
Et d’autres s’en iront, craignant ta peine amère ;
Et demain vont mourir tes charmes éphémères,
Et tu continueras, plus lasse, ton chemin.
Demain tu souffriras, à moins que tu n’espères
Car l’amour n’aura plus son enivrant venin
Pour te charmer ; Du cœur les regrets seront vains,
Vains aussi les chagrins et la tristesse austère.
Demain tu seras lasse avec stérilité,
Et stérile sera pour ton cœur son envie,
Si tu attends la mort sans espérer la vie.
Et tu voudras alors une fidélité,
Une main toujours tendre, un ami qui n’oublie :
Il en est un : c’est Dieu : tu l’auras rejeté !
Hector de SAINT-DENYS GARNEAU, Œuvres,
édition critique établie par Jacques Brault et Benoît Lacroix,
Presses de l’Université de Montréal, 1971.