Sur qui donc pleures-tu...
Sur qui donc pleures-tu, pauvre insensé morose
Je pleure sur ceux-là qui ne savent pleurer
Je pleure sur ceux-là qui ne savent aimer
Sur les cœurs sans beauté, sur les rosiers sans roses
Sur ceux qui ne voient pas l’infini dans les cieux
Ceux qui tout enfoncés dans des fanges immondes
Sont descendus mourir dans une nuit profonde
Sur ceux qui ne voient pas, ne levant pas les yeux
Sur ceux que la Beauté n’attire pas vers elle.
Laisse-les, pauvre fou, ces êtres odieux
Laisse-les s’en aller sans leur montrer les cieux
Laisse-les donc tomber puisqu’ils sont nés sans ailes
Et qu’ils les ont jetées
Hector de SAINT-DENYS GARNEAU, Œuvres,
édition critique établie par Jacques Brault et Benoît Lacroix,
Presses de l’Université de Montréal, 1971.