Prie et travaille
Prie et travaille est la devise heureuse
D’un noble cœur, d’un esprit éclairé ;
C’est, d’une vie et pure et généreuse,
L’art, le devoir et le bonheur sacré.
Prie et travaille était, dans le village,
Ce que disaient nos guerriers valeureux ;
Ils priaient même au milieu du carnage,
Et pour l’honneur ils en travaillaient mieux.
Prie et travaille est ce que l’on répète
Au malheureux qui réclame un peu d’or ;
Et ce conseil que souvent il rejette,
S’il le suivait, lui vaudrait un trésor.
Prie et travaille est le refrain du sage ;
Faibles mortels ! récitez-le tout bas :
Ceux dont l’erreur fut l’éternel partage
Ne priaient guère et ne travaillaient pas.
Prie et travaille, ô toi que peut surprendre,
Loin d’un époux, le monde, le plaisir ;
Par la prière occupe un cœur trop tendre,
Par le travail un dangereux loisir.
Prie et travaille en tes sombres retraites,
Beauté qu’à Dieu l’on veut sacrifier :
Crains, en priant, les biens que tu regrettes ;
En travaillant cherche à les oublier.
Prie et travaille, homme vain, femme altière,
Riche qu’attire un pompeux attirail :
Que reste-t-il à notre heure dernière,
Hors la prière et les fruits du travail ?
Prie et travaille, ou redoute le blâme :
Avec raison enfin on le redit ;
Car la prière est le charme de l’âme ;
Et le travail le repos de l’esprit.
Mme de SALM.
Recueilli dans Femmes-poètes de la France,
anthologie par H. Blanvalet, 1856.