Paix
Maintenant, j’ai sommeil, j’ai beaucoup travaillé
Sous la lampe à pétrole à la flamme immobile,
Dans la cuisine sombre où je me sens tranquille,
En regardant la lune avec des yeux cillés...
Tout n’est qu’ombre et silence... Un chien aboie, au loin
La campagne s’étend dans sa paix immuable,
Et je sens dans mon cœur cette joie ineffable,
Qui vient de ce grand calme et de l’odeur des foins.
J’ai veillé le bonheur de toute la maison,
De la plaine endormie au sein profond du monde,
Comme un petit enfant penchant sa tête blonde,
Sur le cœur de sa mère en faisant oraison.
Et j’ai vu le Bonheur dans cette paix féconde.
Anne SAMARINE, Le Télégraphe, juin 1934.
Recueilli dans Louise-Georges Dupau, Rédemption !,
poèmes d’Anne Samarine, Albert Messein Éditeur, Paris, 1935.