La charité
Venez, vous qui êtes bénis de mon Père,
possédez en héritage le royaume qui
vous a été préparé depuis la création du monde ;
car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger,
j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire,
j’étais et étranger et vous m’avez recueilli,
j’étais nu et vous m’avez vêtu.
(Év. S. Math., ch. XXV, v. 31, 35. 36.)
Quand l’enfant du riche, en décembre,
Reçoit, pour son Noël joyeux,
Des jouets à remplir sa chambre
Et de bonbons délicieux ;
S’il se mettait à la fenêtre,
S’il avançait sur le balcon,
Dans la rue il verrait peut-être,
Glacé par le noir aquilon,
Un pauvre orphelin triste et morne,
Sans chaussures, déguenillé,
S’abritant derrière une borne,
Sur les pavés agenouillé.
Heureux alors si dans son âme
Il éprouve un déchirement,
Si son cœur généreux s’enflamme
De charité pour l’autre enfant.
Maman, pour braver la froidure,
Quand je dois sortir en traîneau,
J’ai double habit, double fourrure,
Bons gants, bons souliers, chaud manteau.
Viens voir, au coin de notre rue,
Transi de froid, un orphelin,
Ne bougeant plus qu’une statue ;
Il pleure en silence : il a faim.
J’ai lu dans le livre que j’aime
Que vêtir ce pauvre enfant nu,
C’est vêtir Jésus-Christ lui-même,
Qui sous ses traits est revenu.
Prenons mes jouets, bonne mère,
Reportons-les chez le marchand ;
Avec le prix nous ferons faire
Des habits pour cet indigent.
J’ai lu dans le saint Évangile
Qu’abriter qui n’a feu ni lieu,
C’est donner à Jésus asile,
Que c’est nourrir le Fils de Dieu.
Recueillons cet enfant, ma mère,
Qu’il ait aussi son gai Noël !
Qu’il oublie un peu sa misère :
Dieu nous le rendra dans le ciel !
Marie SANDRAS,
Les noix dorées de l’arbre de Noël,
1872.