Voix de la nature

 

 

Quand il quitta le seuil de la pauvre chaumière,

Où sa main charitable avait séché des pleurs,

Au penchant du coteau – tout verdure et lumière

Il se fit sur ses pas de confuses clameurs.

 

Les voix – toutes les voix – celles de la clairière,

Des taillis, des buissons et des nids en rumeurs,

Des sentiers, des ruisseaux, des touffes de bruyère,

Celles des grands épis et des petites fleurs ;

 

L’insecte, le sillon, les mousses, les vieux chênes,

Les brises, les parfums, les souffles, les haleines,

Les soupirs de l’écho, s’éveillant à demi

 

Sous ce vague concert errant dans la campagne,

Lui disaient doucement « Salut, va, passe, ami,

« Et que Dieu te le rende et que Dieu t’accompagne ! »

 

 

 

Louis SATRE.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1895.

 

 

 

 

 

 

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