La grandeur du monde

 

 

 

Je veux parcourir avec l’aile des vents tout ce que l’Éternel a tiré du chaos ; jusqu’à ce que j’atteigne aux limites de cette mer immense et que je jette l’ancre là où l’on cesse de respirer, où Dieu a posé les bornes de la création !

Je vois déjà de près les étoiles dans tout l’éclat de leur jeunesse, je les vois poursuivre leur course millénaire à travers le firmament, pour atteindre au but qui leur est assigné ; je m’élance plus haut... Il n’y a plus d’étoiles !

Je me jette courageusement dans l’empire immense du vide, mon vol est rapide comme la lumière... Voici que m’apparaissent de nouveaux nuages, un nouvel univers et des terres et des fleuves...

Tout à coup, dans un chemin solitaire, un pèlerin vient à moi :

– Arrête, voyageur, où vas-tu ?

– Je marche aux limites du monde, là où l’on cesse de respirer, où Dieu a posé les bornes de la création !

– Arrête ! tu marcherais en vain : l’infini est devant toi !

Ô ma pensée, replie donc tes ailes d’aigle ! et toi, audacieuse imagination, c’est ici, hélas ! ici qu’il faut jeter l’ancre !

 

 

SCHILLER, Contes et ballades rassemblés par Charles Simond

dans Les plus grands écrivains de toutes les littératures, s. d.

 

 

 

 

 

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