Miserere
Je voudrais retourner au Dieu de mon enfance,
De ma mère et de ma bonne communion ;
Dans le temple où le prêtre évoque Sa Présence
Je voudrais tant prier avec conviction !
Je voudrais retourner à l’époque lointaine
Où j’étais simple et pur et n’avais d’autre peine
Que ne point résister lorsque, pour m’apaiser,
Ma mère me joignait les mains dans un baiser.
J’ai tant souffert ! J’ai tant pleuré ! Me voici seul
Face à face avec Vous, et mets ma confiance
Dans votre amour, Seigneur, et dans votre clémence ;
– À mon cœur, j’ai tissé moi-même son linceul.
Seigneur, je vous bénis des souffrances passées,
Seul le malheur pouvait me ramener vers Vous ;
Je suis l’enfant prodigue et qui prie à genoux
Pour que ses fautes soient à jamais effacées !
Et je me jette aux bras de ma mère Marie,
Je confie à son cœur mon pauvre cœur troublé,
Sachant que nul pécheur, qui l’aime et qui la prie,
Ne s’en est retourné sans être consolé !
Mai 1894.
Achille SEGARD.
Paru dans la Revue septentrionale en 1895.