Cri d’oiseau

 

 

Un jour que j’errais, seul et triste, dans les bois.

Je me plaignais à Dieu tout bas, moi, ver et cendre,

Car toute âme est en peine, et tout homme a sa croix,

Et le cœur a des mots qu’aucun mot ne peut rendre.

 

Quand, du buisson voisin, soudain se fit entendre,

Un petit cri d’oiseau, frêle et timide voix,

Plus douce qu’un soupir d’amour ou de hautbois,

Plus intime d’accent que la voix la plus tendre.

 

Et l’âme a de ces coups : par ce tout petit cri

D’un tout petit oiseau, brusquement attendri,

Je crus sentir mes maux comme une neige fondre.

 

Car à ma plainte humaine, obscur gazouillement,

Dans ce tout petit cri, frais, délicat, charmant,

Là, du creux du buisson, j’entendais Dieu répondre !

 

 

Joseph SERRE.

 

Paru dans L’Année poétique en 1906.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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