APRÈS LA MORT

 

 

Tu m’as dit : la mort prend en entier l’être humain,

Ô savant ! L’âme même avec le corps succombe ;

Le vautour néant plane au terme du chemin

Et sa serre a broyé l’immortelle colombe...

 

– Regarde cependant ce grain flétri qui tombe :

Il pourrit – mais voici qu’une invisible main

Le gonfle, le féconde ; et c’est de cette tombe,

Ô merveille ! qu’un lys va renaître demain.

 

Puisqu’un atome peut, en ses métamorphoses,

Confondre ta science, ignorante des causes,

N’affirme pas ton doute, ô pauvre esprit chagrin !

 

Et si parfois, devant un cercueil qui se ferme,

Ton cœur saigne, brisé, souviens-toi que tout grain

Qui retombe en poussière est une fleur qui germe.

 

 

 

                                                                      Paul SEURE.

 

                                           Paru dans La Sylphide en 1898.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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