Immortalité

 

 

Le chêne dans sa chute écrase le roseau,

Le torrent dans sa course entraîne l’herbe folle ;

Le passé prend la vie, et le vent la parole,

La mort prend tout : l’espoir, et le nid, et l’oiseau.

 

L’astre s’éteint, la voix expire sur les lèvres,

Quelqu’un ou quelque chose à tout instant s’en va.

Ce qui brûlait le cœur, ce que l’âme rêva,

Tout s’efface : les pleurs, les sourires, les fièvres.

 

Et cependant l’amour triomphe de l’oubli ;

La matière, que rien ne détruit, se transforme ;

Le gland semé d’hier devient le chêne énorme,

Un monde nouveau sort d’un monde enseveli.

 

Comme l’arbre, renaît le passé feuille à feuille,

Comme l’oiseau, le cœur retrouve sa chanson :

L’âme a son rêve encore, et le champ sa moisson,

Car ce que l’homme perd, c’est Dieu qui le recueille.

 

 

 

Louisa SIEFERT, Les Stoïques.

 

 

 

 

 

 

 

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