Ascension
Voici que monte au ciel le fils de Marie,
Vers le trône de Dieu qui est aussi le sien,
Il triomphe tel un héros
Vainqueur de tous ses ennemis.
Ô vous les cieux, soyez en liesse,
Faites un saint tintamarre,
Ouvrez grand les portails
Avec des mots d’allégresse,
Faites sonner vos trompettes du plus fort qu’il se peut,
Pour recevoir le Souverain Seigneur.
Il entre chez vous, magnifique,
Portant nouvel éclat et nouvelle lueur ;
Il vous apporte la nature humaine
Revêtue de divinité.
Vous pouvez voir maintenant
Ce qui jamais ne s’est vu,
Le fils de l’homme trôner
Dans l’infini rayonnement,
Gouverner et diriger en même temps que Dieu
Les royaumes éternels de l’éternelle splendeur.
Mes yeux, ne soyez point tristes,
Que votre plus cher trésor s’échappe.
Il arrivera bientôt
Que vous pourrez le revoir.
Il veut seulement ce temps
Préparer le séjour durable,
Où de joies à tout jamais
Il nous fera délecter.
Bientôt il reviendra avec mille et mille gens,
Plus magnifiquement encore qu’il vient de nous quitter.
Honneur à toi, Jésus, éternellement,
Toi qui montes aux cieux si merveilleusement.
Entraîne mon cœur avec toi là-haut,
Qu’il soit élevé à jamais.
Pour que délicieusement,
Ô soleil éternel,
À la fin du monde
Je te sois toujours voué,
Et qu’éternellement, dans les sommets du ciel,
J’aie de toutes tes gloires le plaisir et la joie.
Angelus SILESIUS.
Recueilli dans Anthologie bilingue
de la poésie allemande,
Gallimard, 1993.