Le carillon des souvenirs
À Alexandre Michel.
PETITE cloche, quand tu tintes,
Au lever d’un riant soleil,
Ton carillon est le réveil
De mes espérances éteintes !
Il va, joyeux et jamais las,
Annoncer son Altesse Aurore
À l’enfant qui repose encore
Dans un flot de blancs falbalas.
Il invite chaque fidèle
À se recueillir un instant
Dans le calme vivifiant
De la somptueuse chapelle.
Gai carillon, envole-toi
Vers les régions inconnues
D’où ne sont jamais revenues
Les âmes qui gardent ma foi !
Dis-bien aux chères exilées,
Tout l’amour resté dans mon cœur,
Tous les pleurs répandus, dis-leur
Les illusions envolées !
Mais, tout doucement, dis aussi
L’espoir puisé dans la constance,
Et la complète indifférence
Où me laisse un autre souci.
Et, bien plus bas, si bas qu’à peine
Elles perçoivent ce secret,
Oh ! dis-leur que, bientôt, j’irai
Près d’elles oublier ma peine.
Carillon de mes plus beaux jours,
Carillon des heures d’ivresse !
Chasse la langueur qui m’oppresse,
En mon cœur résonne toujours !
Jean SILEX.
Paru dans La Sylphide en 1897.