Cri de l’âme languissante

à son aimé

 

 

Ah quand viendra donc le temps

Où je pourrai contempler

Mon tant aimé, Jésus-Christ,

Qui est mon amour et ma vie ?

 

Ah, où es-tu donc lumière ?

Pars de là, et ne t’attarde.

Viens, car mon cœur est malade

Et t’attend en grand’ douleur.

 

Si tu ne viens pas sitôt,

Ô toi, séjour de ma vie,

En moi mon esprit meurtri

Mourra de désir d’amour.

 

Car tu sais bien que jamais

Je ne puis sans toi durer,

Car c’est toi cher Jésus-Christ

Qui es la vie de ma vie ;

 

Aussi viens donc vite à moi,

Et réjouis-moi de toi,

Enclos-moi dedans tes bras

Qui pour moi furent blessés.

 

Ô tends-moi ta bouche douce,

Fais-moi savoir que tu m’aimes,

Presse-moi sur ton sein frêle,

Qui m’est plaisir éternel.

 

Lors je chanterai partout

Joyeusement et sans cesse,

Que c’est toi, cher Jésus-Christ,

Qui es la vie de ma vie.

 

 

 

Angelus SILESIUS.

 

Recueilli dans Anthologie bilingue

de la poésie allemande,

Gallimard, 1993.